Mais les nausées s’installent!

Oui les bonnes nouvelles s’enchaînent.

Après l’excitation de l’avoir annoncé à notre famille proche, le quotidien nous rattrape.

Être enceinte ET en processus de rénovation, ce n’est pas évident.

Parce que je veux faire attention à ce petit être tellement petit et fragile mais en même temps je veux être capable d’être aussi performante que si je ne portais pas ce même être. Paradoxe difficile à gérer pour une fille comme moi, qui se sent bien et heureuse que lorsqu’elle arrive à en faire plus que les autres. Mieux que les autres. Parce que je suis du genre à être capable de me créer de l’angoisse de performance dans à peu près toute les sphères de ma vie.

Alors voilà que je dois apprendre. À vivre autrement. Pour toi. Pour cet enfant. Pour mon conjoint qui s’inquiète de me voir aller. Parce qu’il me connait et qu’il sait bien que lorsque j’en fais moins, je me sens « moins ». Alors que je n’ai qu’à regarder dans ses yeux pour savoir que je suis tout. Toute sauf moins.

Et alors il trouve les mots. Les bons. Ceux qui me font me sentir moins coupable d’être fatiguée. D’avoir mal au coeur. De me sentir laide et amorphe alors que je devrais n’être que joie. Alors quand je me sens inefficace, je reçois un « tu sais, je ne suis pas capable d’être enceinte moi ». Et ça m’aide un peu. Parce que je me dis que si je n’écoute pas mon corps, il va trouver un moyen de me le rappeler et qu’un corps qui parle, c’est souvent signe des temps.

Alors j’apprends. Et finalement, ce n’est pas si mal. De se valoriser pour ce que l’on est. Pas seulement pour ce que l’on fait ou accompli. Les neufs mois sont peut-être fait pour ça au fond. Décortiquer qui nous sommes afin d’être prêt à voir un enfant naitre et se reposer sur nos épaules. Nos épaules maintenant dénuées d’orgueil mal placé ou de colère mal gérée.

Au moment ou j’écris ces lignes, il me reste deux semaines avant d’enfin pouvoir te prendre dans mes bras. Quinze jours d’attentes.

Quinze jours!

La continuation

Et voilà que nous partageons notre vie.

Notre quotidien. Je fais à manger. Tu fais le gazon. Quel cliché!, on s’en balance. Nous sommes heureux, point.

Quand nous nous comprenons… Aussi quand les mots ne sortent pas comme on le voudrait. On résiste, on s’obstine mais on finit par se comprendre. Notre force?

J’imagine. Parce que jamais on ne se couche fâché. Ou déçu. Ou incompris. Parce qu’on se dit qu’une demie heure de grands yeux mécontents qui cherchent à saisir l’essence de la fâcherie, ce n’est rien. Ou si peu en comparaison avec une nuit d’amertume et de regret, à se dire qu’on aurait pas dû (ou dû) dire ceci ou cela. Alors on grandit. En se défiant personnellement de ne pas changer ce système qui semble fonctionner pour nous mais qui n’est pas toujours si évident à mettre en application. Parce qu’on ne veut pas blesser et que ce serait parfois si facile de se taire et faire semblant que tout est parfait. On s’accroche à nos idées, nos arguments. Les compromis sont finalement si subtile qu’on y voit que du feu. Celui de notre passion bien entendu!

Nous passons notre premier Noël ensemble. Nos familles respective semblent heureuse pour nous. Mon père est si fier que sa fille soit enfin heureuse. C’est beau la vie! Belle-maman m’accueille à bras ouverts. Ma belle-soeur aussi. Je me sens chanceuse de côtoyer des gens qui semblent facilement heureux et sincère. Honnêtes, sensibles et sensés. Vrais.

Nous arrivons gentiment à l’été. Le temps passe si vite à tes côtés. On discute de l’avenir. De la maison un peu trop petite pour nos ambitions. Pour les enfants que l’on voudrait bien, éventuellement, voir apparaitre dedans. Parce que oui, déjà, un an jour pour jour après notre première rencontre, la décision de débuter une famille est prise. Il ne reste qu’a attendre que la bonne nouvelle vienne frapper à notre porte. Ainsi que la vente et le déménagement. Vendre une maison, ça peut être compliqué. En acheter une aussi…

Arrivent donc les rénovations. Le « home staging »de la future vendue. Et la diminution du sommeil afin de réussir à terminer les projets que nous avons pour cette demeure qui nous l’espérons, charmera les futurs acheteurs. Parce que oui, nous avons fait une petite folie. Celle de faire une offre pour notre prochaine maison, sans garanties de vendre la notre. Payer deux hypothèque? Mais non! Nous travaillons si fort, nos efforts seront récompensés et nous réussirons à vendre… Ce qui a été réussi. À coup de fatigue (lire: quelques paires de grands yeux mécontents!) et de travail acharné. Avec le recul, je ne regrette pas nos choix. Mais je réalise que nous avons été plus que chanceux. Presque bénit!

Décembre 2009 sera marquant. Nous déménageons enfin dans la maison tant convoitée. Pas sans craintes cependant puisque nous savons, avant même d’y entrer, que nous aurons du pain sur la planche. Nous rénovons…!

Deux cloisons rendent l’âme sous nos coups de masse. Une cuisine renait et par le fait même, une salle à manger et un salon qui restent ouverts sur cette cuisine. Et un plancher neuf et une salle de bain neuve et la peinture et les cadrages et la céramique et… et… Un bébé en route qui se déclare en février. Beaucoup de projets, peu de temps, beaucoup de « tant qu’à faire ». Beaucoup de beaucoup.

Les rénovations, ça teste le couple. Il y a maintenant plus de 2 ans que l’on se connait. C’est si peu. Mais tant à la fois. Parce que nous avons du conjuguer amour avec décisions, budget, gouts, paresse, compromis, craintes, ambition, laisser aller, fatigue, envies, réalité, désirs. Le ton est parfois monté. Redescendu dans un baiser. Dans la compréhension. Parce que nous savons que lorsque l’on fait le choix de s’aimer, c’est pour vivre avec ses hauts et ses bas là. Qui nous permettent d’apprendre à nous connaitre toujours plus. Toujours mieux.

Ce billet est long. Parce que j’avais hâte d’en arriver au moment ou nous découvrons que nous allons être parents. Il ne reste qu’un mois et demi avant la venue de notre petit garçon et malheureusement, nous n’avons pas trouvé le temps, avant aujourd’hui, de profiter de cette grossesse, de ce cadeau.

Alors on se reprend, et on raconte!