Et le ventre s’arrondit

Il y a eu la mini bedaine.

Et la bedaine moyenne.

Et la superbement grosse bedaine….

J’avais hâte que ça paraisse et ça c’est fait assez vite merci! Je me sentais invincible avec ce petit ventre là. Fragile aussi. Fragilisée par l’inquiétude déjà. On dit qu’à l’accouchement, l’on devient mère. Moi je dit qu’au premier test de grossesse positif, nous devenons mère. Déjà inquiète de l’avenir de ce bébé là.

Il va bien grandir dans mon ventre? Il a tout ce dont il a besoin? Es-ce que je peux manger ça? Et dormir sur le ventre? Il a ses 10 doigts de pied et de main? Son petit coeur bat bien et fort?

Les questions s’enchaînent. Les réponses se font rapides. Presque innées. Parce que rapidement l’on sens que l’on sait. Du moins, je l’ai senti. Comme si tout à coup j’avais une confiance pure et dure en ma capacité d’être mère. J’ai vécu cette grossesse comme un privilège. Un cadeau.

Parce que avant cette vie, il y en a eu une autre. Que j’ai rationnellement abandonné. Pour toute les raisons que je connais. Qui font que je ne regrette pas. Mais qui font que j’apprécie doublement le fait qu’aujourd’hui, je suis pleine d’un beau gros bébé désiré. Par moi. Par Chouchou. Par nous.

Mais les nausées s’installent!

Oui les bonnes nouvelles s’enchaînent.

Après l’excitation de l’avoir annoncé à notre famille proche, le quotidien nous rattrape.

Être enceinte ET en processus de rénovation, ce n’est pas évident.

Parce que je veux faire attention à ce petit être tellement petit et fragile mais en même temps je veux être capable d’être aussi performante que si je ne portais pas ce même être. Paradoxe difficile à gérer pour une fille comme moi, qui se sent bien et heureuse que lorsqu’elle arrive à en faire plus que les autres. Mieux que les autres. Parce que je suis du genre à être capable de me créer de l’angoisse de performance dans à peu près toute les sphères de ma vie.

Alors voilà que je dois apprendre. À vivre autrement. Pour toi. Pour cet enfant. Pour mon conjoint qui s’inquiète de me voir aller. Parce qu’il me connait et qu’il sait bien que lorsque j’en fais moins, je me sens « moins ». Alors que je n’ai qu’à regarder dans ses yeux pour savoir que je suis tout. Toute sauf moins.

Et alors il trouve les mots. Les bons. Ceux qui me font me sentir moins coupable d’être fatiguée. D’avoir mal au coeur. De me sentir laide et amorphe alors que je devrais n’être que joie. Alors quand je me sens inefficace, je reçois un « tu sais, je ne suis pas capable d’être enceinte moi ». Et ça m’aide un peu. Parce que je me dis que si je n’écoute pas mon corps, il va trouver un moyen de me le rappeler et qu’un corps qui parle, c’est souvent signe des temps.

Alors j’apprends. Et finalement, ce n’est pas si mal. De se valoriser pour ce que l’on est. Pas seulement pour ce que l’on fait ou accompli. Les neufs mois sont peut-être fait pour ça au fond. Décortiquer qui nous sommes afin d’être prêt à voir un enfant naitre et se reposer sur nos épaules. Nos épaules maintenant dénuées d’orgueil mal placé ou de colère mal gérée.

Au moment ou j’écris ces lignes, il me reste deux semaines avant d’enfin pouvoir te prendre dans mes bras. Quinze jours d’attentes.

Quinze jours!