Léthargie

J’accumule les brouillons. J’écris. Tous les jours. Et je ne publie pas. Je me relis et je m’ennuie. Royalement. Alors je reste là. Devant cette page. Blanche évidemment. À accumuler un certain nombre de mots. À reculer. Avancer. Me dire qu’on s’en fou bien de ce que j’écris tant que ça me fait du bien. Qu’au fond j’ai beau écrire de façon publique, au final, c’est moi que me lit. Moi qui écrit. Et que malgré le fait que je sois loin d’être égoïste, le je-me-moi vient d’être tapé au moins dix fois en cinq lignes. Magnifique. L’art de savoir écrire ne m’appartient définitivement pas encore. Le sujet se résumant à moi-même. Mon homme et mon bébé. N’ayant plus de vie sociale depuis que je suis mère au foyer, je me dégrade. M’avilis et me dilue. Je communique par monosyllabe. Celles que mon enfant comprend, imite et que mon homme décode. Je fait bien quelques phrases complète histoire que mon garçon réussisse à parler un jour. Quelques. De plus j’évite les virgules. Je massacre mon texte de point. Je les aime bien ceux là. Et j’évite les espaces. Les paragraphes. Les marges. Les alinéas. J’ai le verbe dactylographique aujourd’hui. Parce que j’ai les neurones ankylosés. Ils arrivent à peine à s’électrifier le bout de la dendrite. M’enfin. La journée finira bien par finir. Et la semaine aussi tant qu’à sembler désespérée. Mais avant tout, la fin de cette page blanche. Pourquoi ne pas rire de mes inepties plutôt que de pleurnicher un coup sur mon incapacité à pondre ne serais-ce qu’un paragraphe délectable. Recherché. Sapide.

Ô, mais vois tu comme moi? Sapide. Je ne t’avais jamais utilisé. Je te connaissais à peine et voilà que tu apparais ici. Nonchalamment. Avec une telle lenteur qu’il t’aura fallu 257 mots d’intro afin que tu daignes te pointer. Que tu oses sortir de mon inconscient pour venir t’afficher ici, simple antonyme d’insipide. Mais pourtant instigateur de questionnement. D’où viens-tu? Sapide. De sapidus. Qui a du goût et de la saveur. Magnifique.

Marieve=1 Léthargie=0

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